TR@JECTORIES, vol.3, no.no, pp.1-36, 2009 (Peer-Reviewed Journal)
Dans un essai intitulé « Langue maternelle et patrie » (1920), Fritz
Mauthner propose une réflexion sur la métaphore de « langue maternelle »
et ses usages politiques, dans le contexte de la montée des
nationalismes et d’une recomposition des identités en Europe. Mauthner y
affirme que les guerres de religion ont été remplacées par des guerres
nationales qui sont en réalité des guerres linguistiques. Définie
pourtant comme objet d’amour, comment la langue maternelle peut-elle
devenir l’enjeu de politiques linguistiques pouvant conduire au
fanatisme et à la guerre ? Il s’agit dans cet article d’éclairer la
déconstruction par Mauthner des concepts fondamentaux du nationalisme à
partir de sa conception philosophique de la langue, qu’il élabore contre
celle que présuppose l’affirmation d’une appartenance identitaire.
Cette hypothèse de lecture permet d’envisager les conséquences
philosophiques et politiques de la critique du langage de Mauthner, qui
récusent l’alternative entre nationalisme et universalisme
linguistiques.